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23 juil. 2010

Exposition de Jean Bernard Robillard

Le travail présenté à la Trafic Art Gallery est un travail s’inspirant très clairement de l’histoire de l’art classique, moderne et contemporaine. Chaque pièce présentée, y compris le titre, prend sa source dans différentes œuvres, qui m’ont marqué profondément, de manière très claire ou plus subtile. Commençons par le titre tiré d’une pièce d’Annabelle Hulaut (à l’origine Hubaut, qui se proposait d’échanger son B contre le L de Monsieur Hulot, un travail entre réalité et fiction. Annabelle Hulaut semblant en fait être devenu un alter ego fictionnel de l’artiste Annabelle Hubaut). Ce travail m’ayant beaucoup marqué, il fallait que je le réinterprète, et il est devenu le titre plein d’absurdité de cette exposition, et par ce fait devenu lui-même parti intégrante de l’exposition.
La phrase d’origine était «Prête-moi ton L et prends mon B», je l’ai transformée en « Désirs éculés donne-moi un N je te prends le Q », devenu ainsi une réinterprétation absurde et vulgaire, qui finalement n’a plus grand-chose à voir avec cette phrase poétique. Comme dans les photos présentées il s’agit de s’appuyer sur des éléments tirés de différentes œuvres, les déconstruire, les manipuler pour en obtenir un travail qui s’ancre dans un contexte spécifique, et qui ne peut prétendre être à la hauteur des œuvres dont il s’inspire.
On parle ici de détournement de situation, d’espace qui ne sont pas ce qu’ils semblent être, inspiré aussi bien de tableaux de Van Eyck, par leurs constructions, que de Jeff Wall, en passant par les films de Passolini ou bien Festen. Détournement du sens de l’objet, du sujet, de la place de l’artiste dans son travail. Un Artiste trituré, devenant ridicule lorsqu’il apparait au milieu des autres, à demi nu, dans cette photo grand format (2x3m). Détournement des sujets, objets du quotidien, tantôt agrandis, créant dans certains cas une composition qui s’arrête mais qui ne demande qu’à s’échapper hors du cadre, tantôt à la bonne échelle, s’inspirant de l’iconographie baroque, des objets empilés les uns avec les autres, des objets sans aucune valeur mis en scène de telle manière à donner une impression de dorure, et pourtant enfermé dans l’espace restreint de cette photographie (2m de hauteur par 1 m de largeur), il faut lever la tête pour pouvoir embrasser la photo. Ce ne sont pourtant que des pommes pourries et du plastique.
Ces photos grand format construise tout un espace pictural, avec des ensembles vides, et des espaces pleins, des mises en abyme, comme on peut le voir chez Brassai dans sa photo «couple d’amoureux dans un petit café près de la place d’Italie », des tableaux dans le tableau. Je parle ici d’une déconstruction de l’ordre visuel qui perd le spectateur. Il ne s’agit que de créer des espaces et des situations instables, en équilibre avec le quotidien, mais qui peuvent flancher à n’importe quel moment, pour ne jamais se relever, créant ainsi un malaise.
Pour conclure on m’a régulièrement demandé au sujet de ces différents travaux si on pouvait les considérer comme des hommages aux artistes dont je parle. Je répondrai que non, car pour faire un hommage, et comme je l’ai évoqué plus haut, il faudrait que mes pièces soient au niveau de ces artistes que j’admire. Ce ne sont que de simples interprétations à une époque donnée, donc dans un contexte différent, qui s’inspire de cette histoire de l’art que j’aime, et que j’aimerai que tout le monde découvre. Je n’oublie juste pas d’où mon travail vient et donc d’où je viens.